Embaucher un salarié étranger : Quelles démarches pour recruter un talent hors UE ?

Le recrutement international représente une opportunité stratégique pour les entreprises françaises en quête de talents spécifiques. Dans mon cabinet de conseil, j’accompagne régulièrement des organisations qui souhaitent diversifier leurs équipes en recrutant hors des frontières européennes. L’embauche d’un salarié étranger hors UE implique en revanche une procédure précise que je vous propose d’visiter en détail.

Les différents cas de figure lors du recrutement d’un salarié étranger #

La première étape consiste à identifier la situation spécifique du candidat étranger que vous souhaitez embaucher. Après des années d’accompagnement d’entreprises dans leurs projets de recrutement international, j’ai pu constater que cette phase initiale détermine l’ensemble des démarches à suivre.

On distingue principalement trois catégories de travailleurs étrangers :

À lire Les nouveaux outils de recrutement : Comment l’IA et le digital transforment les RH

  • Les ressortissants de l’Union européenne (UE), de l’Espace économique européen (EEE) et de la Suisse, qui bénéficient de la libre circulation
  • Les ressortissants hors UE ne résidant pas en France
  • Les ressortissants hors UE résidant déjà sur le territoire français

Pour les candidats originaires de Monaco, Andorre et Saint-Marin, les formalités sont similaires à celles des ressortissants européens – une dispense d’autorisation de travail s’applique. En revanche, depuis le Brexit, les ressortissants britanniques sont désormais soumis aux mêmes obligations que les autres étrangers non-européens.

J’observe fréquemment des confusions concernant les jeunes professionnels étrangers. Sachez que des accords bilatéraux spécifiques existent pour les candidats de 18 à 25 ans disposant d’un diplôme professionnel et maîtrisant le français. Ces accords concernent notamment le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, le Cameroun, le Mali, l’Arménie et la Turquie, et permettent une procédure simplifiée via l’OFII.

La procédure complète d’embauche d’un salarié étranger hors UE #

Pour un candidat hors UE ne résidant pas en France, la procédure d’introduction représente l’étape cruciale du recrutement. Mon expérience dans l’accompagnement des entreprises m’a permis d’identifier les points d’attention essentiels de ce processus en quatre phases.

Première phase : la publication d’une offre d’emploi durant trois semaines minimum sur une plateforme du service public de l’emploi (France Travail, APEC). Cette étape peut être contournée pour les métiers en tension, ce qui accélère considérablement le processus. Une simulation d’opposabilité peut également être réalisée pour évaluer vos chances d’obtenir l’autorisation.

À lire Techniques de recrutement innovantes : 5 méthodes qui cassent les codes en 2024

Deuxième phase : le dépôt du dossier d’introduction via la plateforme ANEF du Ministère de l’Intérieur. Ce dossier doit être soumis au moins trois mois avant la date prévue de prise de fonction et comprendre les documents suivants :

Documents requis Informations à fournir
Identification du candidat Passeport ou carte d’identité du salarié
Justificatifs de recrutement Offre d’emploi et attestation de clôture
Détails contractuels Informations sur le contrat de travail (type, durée, rémunération)

Troisième phase : l’instruction du dossier par la DREETS, qui examine les difficultés de recrutement dans le secteur concerné, les qualifications du candidat, le salaire proposé et les conditions d’emploi. Ce processus prend généralement deux mois.

Quatrième phase : la décision administrative. En cas d’avis favorable, l’autorisation de travail est transmise par email au salarié et à l’employeur. Le candidat doit ensuite obtenir un visa ou titre de séjour auprès du consulat français de son pays. Si la demande est refusée, plusieurs recours sont possibles (gracieux, hiérarchique ou contentieux devant le tribunal administratif).

Embaucher un salarié étranger : Quelles démarches pour recruter un talent hors UE ?

À lire Message pour recruter sur LinkedIn : 3 templates qui déclenchent des réponses

Les formalités communes à toutes les situations de recrutement international #

Quelle que soit l’origine du candidat, certaines démarches administratives restent incontournables. Dans mon activité de conseil, j’insiste particulièrement sur ces aspects qui, bien que techniques, sont fondamentaux pour sécuriser l’embauche.

La déclaration préalable à l’embauche (DPAE) doit être effectuée dans les huit jours précédant le début du contrat. Elle contient des informations essentielles sur l’employeur (dénomination sociale, code NAF/APE, SIRET) et le salarié (identité, numéro de sécurité sociale, date et heure de début du contrat).

L’immatriculation à l’assurance maladie est également obligatoire pour tout salarié étranger. Cette formalité est réalisée par l’employeur via le site de l’assurance maladie. Le régime applicable dépend du secteur d’activité : CNAM pour la plupart des entreprises ou MSA pour le secteur agricole.

La visite d’information et de prévention doit intervenir dans les trois mois suivant l’embauche. Il s’agit d’un entretien avec un professionnel de santé au travail qui peut, dans certains cas, être réalisé dans le pays d’origine du salarié si l’OFII y dispose d’une mission.

Les obligations financières et les risques encourus #

L’embauche d’un salarié étranger implique des coûts spécifiques que les employeurs négligent parfois. La taxe OFII représente une charge financière variable selon la durée du contrat et le niveau de rémunération proposé.

Pour les contrats de trois à douze mois, cette taxe s’échelonne de 74€ pour un salaire au SMIC à 300€ pour une rémunération supérieure à 1,5 SMIC. Pour les contrats de plus de douze mois ou les CDI, elle peut atteindre 55% du salaire mensuel ou 2308€ pour les hauts revenus. Les contrats saisonniers sont soumis à une taxe de 50€ par mois d’activité.

Certaines situations sont exemptées de cette taxe, notamment le recrutement d’un salarié déjà titulaire d’un titre « salarié », « travailleur temporaire » ou « passeport talent », l’embauche avec autorisation provisoire de travail (demandeur d’asile, mineurs) ou encore le recrutement d’un chercheur dans le secteur public.

Les sanctions en cas d’emploi irrégulier sont particulièrement sévères. L’embauche d’un étranger sans titre de séjour peut entraîner une amende de 15 000€ et jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. En cas de récidive ou de circonstances aggravantes, ces peines peuvent être considérablement alourdies, avec des sanctions complémentaires comme la confiscation des biens, la fermeture de l’entreprise ou l’exclusion des marchés publics.

Claire Vignon

Claire Martin est consultante en développement de carrière et spécialiste de l’accompagnement à la reconversion professionnelle. Depuis plus de 10 ans, elle guide salariés, étudiants et indépendants dans leurs parcours de formation et d’évolution professionnelle. Curieuse et engagée, Claire explore les thèmes actuels de l’emploi, du coaching et de la formation, et se passionne pour les sujets qui éveillent la curiosité et nourrissent l’ambition. Grâce à son regard de terrain et sa capacité à rendre accessibles des sujets parfois techniques, elle propose des articles à la fois concrets, inspirants et résolument tournés vers l’action.

Partagez votre avis